Histoire de l’informatique : des femmes visionnaires

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Publié le 5 mars 2024

L'histoire de l'informatique est souvent contée à travers les réalisations d'hommes célèbres, mais cette perspective néglige les contributions de femmes brillantes. Cet article met en lumière quatre femmes pionnières dont les travaux ont forgé l’informatique tel que nous la connaissons aujourd’hui : Alice Recoque, Françoise Chatelin, Sophie Wilson et Dame Wendy Hall.

Alice Recoque, pionnière de l’IA (1929-2021)

Saviez-vous qu'une des pionnières de l'informatique et de l'intelligence artificielle était une femme ?

Née en 1929 en Algérie, Alice Recoque s'est passionnée pour les sciences dès son plus jeune âge. À 25 ans, elle figure parmi les 5 femmes, sur un total de 38 élèves, à obtenir un diplôme de la 69e promotion de l'ESPCI (École Supérieure de Physique et de Chimie Industrielles de Paris).

Alice Recoque

Fraîchement diplômée, Alice Recoque rejoint la SEA (Société d’Électronique et d’Automatisme) qui était alors la toute première entreprise française à fabriquer des ordinateurs. Sa mission principale consistait à améliorer le prédécesseur de la mémoire vive (RAM). Ce qui a conduit au développement des systèmes CAB 500 et CAB 15000 (Calculatrice Automatique Binaire), des machines dotées d'une mémoire à tambour et de transistors, rendues plus intuitives grâce à un clavier intégré.

En 1970, Alice Recoque prend la tête du projet du mini-ordinateur de gestion industrielle MITRA 15, utilisé dans les hôpitaux, les centrales nucléaires et dans le projet d'internet français Cyclades. En 1985, elle est chargée de la direction des recherches sur l'intelligence artificielle au sein du groupe Bull, contribuant au développement du langage de programmation Prolog, aujourd'hui utilisé en IA, notamment pour le traitement du langage naturel.

Actualité livre : Qui a voulu effacer Alice Recoque ? Par Marion Carré · 2024

Françoise Chatelin, une mathématicienne au service de l’informatique (1941-2020)

Née en 1941, Françoise Chatelin a suivi son cursus à l'ENS (Ecole Normale Supérieure) à Paris, un environnement particulièrement masculin à l'époque. Puis, elle obtient un poste de chercheuse post-doctorante à l'université de Stanford, aux États-Unis.

Experte dans le domaine des mathématiques appliquées, elle a travaillé aux États-Unis où son travail pour IBM a été crucial dans le développement des premières imprimantes à jet d'encre dans les années 1970.

Plus tard, la mathématicienne française a intégré le programme Galileo où elle devait concevoir des séquences numériques pour le système de positionnement par satellite. Ses publications ont été traduites en une quinzaine de langues, y compris le chinois et le japonais, et sont devenues de véritables références dans le domaine des mathématiques.

Sa recherche sur les valeurs propres et les vecteurs propres de matrices a des implications directes dans le traitement du signal, l'optimisation et les méthodes numériques en ingénierie. Ses contributions à la théorie des matrices spectrales ont permis d'améliorer la précision et l'efficacité des algorithmes de calcul scientifique, essentiels pour les simulations informatiques dans de nombreux domaines scientifiques.

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Sophie Wilson, la visionnaire du microprocesseur

Sophie Wilson, née en 1957 à Leeds (Royaume-Uni) est une figure emblématique de l'histoire de l’informatique britannique. Issue d'une famille d'enseignants, elle a poursuivi ses études en informatique à l'Université de Cambridge en 1975, où elle a conçu son premier micro-ordinateur dès la première année.

En collaboration avec Steve Furber et s'inspirant des principes RISC (Reduced Instruction Set Computer/Computing), Sophie Wilson a co-conçu le processeur 32 bits ARM, jetant les bases de ce qui deviendra une architecture processeur omniprésente, notamment dans les appareils mobiles.

Initialement développé dans les années 1980 pour la société Acorn Computers, le processeur ARM est devenu le standard pour les dispositifs mobiles en raison de sa consommation énergétique réduite et de sa haute performance. L'architecture ARM, grâce à sa simplicité et son efficacité, a révolutionné le design des systèmes embarqués et des dispositifs mobiles, permettant le développement de smartphones, tablettes, et d'autres appareils connectés qui dominent le marché actuel.

Dame Wendy Hall, pionnière du web sémantique

Dame Wendy Hall est une figure emblématique de l’histoire de l'informatique et une pionnière du Web. Née le 25 octobre 1952 à Londres (Royaume-Uni), elle poursuit ses études à l'Ellen Wilkinson School avant de se diriger vers l'Université de Southampton, où elle obtient un baccalauréat en sciences en mathématiques, suivi d'un doctorat en philosophie.

Rejoignant l'université de Southampton en 1984, Dame Wendy Hall a été au cœur de la formation d'un groupe de recherche dédié au multimédia et à l'hypermédia. Elle a codéveloppé le système Microcosm, un des premiers hypermédias, qui permettait de lier des documents numériques entre eux d'une manière qui préfigure l'interconnectivité du Web actuel.

Ses travaux sur les hypermédias et le Web sémantique ont posé les bases pour le développement de technologies permettant une navigation et une interaction plus riches et plus intuitives sur Internet, influençant profondément la manière dont les informations sont organisées et accessibles en ligne. Ce domaine est crucial pour le développement d'applications web dans les domaines de la recherche d'information, de l'intelligence artificielle et du big data.

Pour en savoir plus sur les femmes dans l’informatique :