Féminisation des emplois du numérique : pourquoi ça coince ?

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La féminisation des emplois du numérique peine à décoller en France. On compte à peine 26,9 % de femmes qui travaillent dans le secteur et seulement 16 % aux fonctions techniques. Entre stéréotypes de genre qui perdurent et sexisme ordinaire, les raisons du désintérêt des femmes pour les métiers du numérique sont profondes.

Où en est la féminisation des emplois du numérique ?

 

Des femmes au début de l’ère informatique

Le saviez-vous ?

La programmation des premiers ordinateurs a été réalisée par des femmes, notamment des mathématiciennes expertes en calcul numérique. Par ailleurs, l’informatique a constitué, dans les années 1980, une porte d’entrée privilégiée vers le métier d’ingénieure pour les étudiantes.

Et pourtant, en 2023, très peu de femmes intègrent le secteur du numérique. Pire, elles n’y restent pas. Le secteur du numérique peine à recruter et se prive donc de 50 % des ressources humaines disponibles. Or le marché IT est en pleine croissance. Il risque donc d’être freiné par son manque de main d’œuvre.

 

L’arrivée du micro-ordinateur a fait fuir les femmes

 

D’après une étude intitulée Les freins à l’accès des filles aux filières informatiques et numériques publiée en mai 2022 par le centre Hubertine Auclert, ce serait l’arrivée de la micro-informatique et d’un imaginaire associé au geek garçon qui aurait fait fuir les femmes.

Dès les années 1990, le secteur informatique se plaint alors de l’absence des femmes. Le passage au numérique n’y a rien changé.

Selon la Commission européenne, si on augmentait la présence des femmes dans le numérique, il s’ensuivrait un gain d’environ 9 milliards d’euros par an pour le PIB (Produit Intérieur Brut) européen.

 

Plan pour l’égalité hommes-femmes

 

Un plan interministériel pour l’égalité entre les femmes et les hommes 2023-2027 a été présenté le 8 mars 2023, à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes.

L’objet du quatrième et dernier axe du plan est de diffuser et de transmettre une culture de l’égalité pour mettre fin aux préjugés. Ce volet prévoit notamment l’accompagnement global de 10 000 jeunes filles pour intégrer les métiers du numérique et de la tech.

Pourquoi les femmes sont-elles aussi peu tentées par les métiers du numérique ?

 

Des stéréotypes de genre

 

La société française reste une société très patriarcale, avec de fortes inégalités hommes-femmes, selon le HCE (Haut Conseil à l’Egalité). Le stéréotype de l’infériorité intellectuelle des femmes perdure. Ainsi les femmes ont intégré mentalement ce stéréotype.

Dans les faits, les filles font de meilleures études que les garçons, y compris dans les filières scientifiques. Quelques chiffres le prouvent : 39 % des filles admises au baccalauréat scientifique (S) en 2012 l’ont obtenu avec une mention bien ou très bien, contre 33 % des garçons admis.

Dans les programmes et les manuels scolaires, l’importance des femmes est minorée. Elles restent souvent cantonnées à des rôles traditionnels. Ainsi dans les manuels de lecture de CP (Cours Préparatoire), les femmes représentent 40 % des personnages, mais 70 % de ceux qui font la cuisine et le ménage ! Seulement 3 % des personnages occupant un métier scientifique sont des femmes.

 

Une orientation scolaire sexuée

 

A l’issue de la seconde générale et technologique, seules 29,9 % des filles s’orientent vers une première scientifique, contre 38,4 % des garçons, selon une étude du ministère de l’Education nationale en 2015.

En première, seulement 2,5 % des filles ont choisi la matière NSI (Numérique et Sciences Informatiques), contre 15 % des garçons. Et elles ne sont plus que 1 % en terminale, contre 7 % pour les garçons.

 

Du sexisme ordinaire partout

 

La misogynie et le sexisme sont encore très largement répandus au collège, au lycée, dans l’enseignement supérieur et les grandes écoles. Mais aussi dans le monde du travail. Des mouvements tels que Chaircollaboratrice dénoncent régulièrement les propos déplacés et sexistes dans le secteur professionnel.

Selon l’étude du centre Hubertine Auclert, les lycéennes font part du sexisme qu’elles subissent de la part des élèves et des professeurs. L’institution éducative ne lutte pas contre le sexisme à l’école. Ce qui participe du retrait des filles de certaines matières.

La communauté éducative n’est pas formée pour travailler ces problématiques de sexisme, ni avec les élèves, ni dans sa propre pratique professionnelle.

L’éducation des filles et des garçons est à revoir dès le plus jeune âge, au sein des familles et de l’école.

 

Les femmes s’autocensurent

 

Les femmes ont tendance à s’autocensurer, à manquer de confiance en elles et à douter de leurs aptitudes à occuper des postes à responsabilités.

Dans le dernier rapport de l’Insee (Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques) Femmes et hommes, l’égalité en question, les femmes, pourtant plus diplômées que les hommes, ne représentent que 43 % des emplois de cadres et professions intellectuelles supérieures en 2020. Elles ne représentent que 22 % des effectifs des comités exécutifs ou de direction.

Les femmes sont moins sollicitées en tant qu’expertes que les hommes. Leur présence chute de 44 % à 20 % lorsqu’elles sont invitées à s’exprimer en tant que porte-parole ou experte dans les médias.

Une charge mentale plus forte chez les femmes

 

En 2010, les femmes vivant en couple et ayant au moins un enfant consacrent 34 heures hebdomadaires de travail domestique contre 18 heures pour les hommes dans la même situation.

Les métiers du numérique en constante évolution demandent de s’autoformer constamment. Comment se former quand vous devez gérer les enfants et la maison en arrivant chez vous ?

 

Des différences de salaire qui perdurent

 

Pourquoi est-ce que ce sont les femmes qui s’occupent de la maison ? Parce qu’elles gagnent moins que les hommes. Dans un couple, au moment de choisir qui va travailler un peu moins pour aller chercher les enfants à la crèche, on choisit la femme car elle gagne moins. Les femmes gagnent 24 % de moins que les hommes (salaire annuel moyen), en 2017, d’après l’Insee.

 

Des métiers du numérique dominés par les hommes

 

Les métiers du numérique recrutent à tour de bras. Selon Isabelle Collet, chercheuse sur la question du genre dans les études scientifiques et techniques, comme l’homme est supposé être le premier salaire et le pourvoyeur d’emploi, il a largement intégré le secteur jusqu’à le dominer. Les hommes ont, le plus souvent, la charge mentale financière dans le couple. Pas question de se retrouver au chômage ! Ils se dirigent donc plus naturellement vers des emplois à fort potentiel.

Problème : lorsque vous avez une très grande majorité d’hommes dans un secteur, cela n’attire pas les femmes qui se sentent en minorité. C’est un cercle vicieux. Moins il y a de femmes, moins elles ont envie d’aller vers le secteur du numérique. Et quand elles y vont, elles n’y restent pas.

 

L’image du geek informatique

 

L’image véhiculée dans les médias, au cinéma et dans les séries de l’informaticien n’arrange pas vraiment la situation : un homme seul, un peu autiste, entourée de ses boîtes à pizza, qui bosse de nuit, ça ne fait pas vraiment rêver les femmes !

En savoir plus sur les femmes dans la tech :

●       Le pacte de parité pour les femmes dans la tech

●       Ada Tech School : l’école d’informatique à Paris alternative, inclusive et féministe

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Commentaire (1)

ber17
<div>On retrouve tous les poncifs du féminocentrisme... Que vient faire la charge mentale à la maison dans cet article. [Modéré] Merci free Wok de cet article.&nbsp;</div>
Modifié

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