Salaires des cadres IT : la rareté paie encore, mais plus comme avant

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Chaque année, les mêmes constats reviennent : le numérique attire, les salaires explosent, les talents manquent. Mais 2025 marque un tournant. Les hausses continuent, oui — +4,9 % pour les cadres IT — mais plus rien ne se fait au hasard. L’expérience, la spécialisation et la maîtrise de l’IA deviennent les nouvelles monnaies d’échange. Derrière la flambée, une vérité simple : la rareté n’a jamais été aussi rentable.

Une attractivité salariale qui résiste au ralentissement du marché

Une progression toujours au-dessus de la moyenne nationale

En 2025, les cadres informaticiens enregistrent une hausse moyenne de +4,9 % de leur rémunération, selon le baromètre Expectra, quand l’ensemble des cadres se limite à +3,9 %. L’écart se creuse d’année en année, confirmant la singularité du secteur.

Cette progression n’a rien d’un sursaut ponctuel. Elle découle d’une demande continue dans des champs hautement techniques — cybersécurité, cloud, IA, data science — où la rareté des profils fait loi. Même les entreprises les plus prudentes maintiennent des revalorisations ciblées, conscientes qu’un expert cloud ou un analyste cybersécurité ne se remplace pas.

Les augmentations « mirobolantes » des années post-Covid appartiennent au passé, certes, mais la dynamique salariale reste structurelle. Les rémunérations évoluent moins par effet de mode que par nécessité d’équilibre : retenir les talents devenus stratégiques.

Le marché IT évolue dans un climat paradoxal : prudence à l’embauche, mais hausse structurelle des salaires.
Baromètre Expectra, 2025

Les moteurs de cette résilience salariale

Cette résistance s’appuie sur trois ressorts puissants.

D’abord, une pénurie structurelle qui ne faiblit pas. Les entreprises étendent leurs recherches, rallongent leurs processus, multiplient les contre-offres ; pourtant, certains postes critiques restent vacants des mois entiers. Près de 7 cadres sur 10 se disent satisfaits de leur rémunération, signe qu’ils négocient en position de force.

Ensuite, l’accélération technologique agit comme un moteur permanent. L’IA générative bouleverse les métiers du développement, tandis que l’automatisation et l’industrie 4.0 ouvrent de nouveaux territoires de compétences. Les organisations n’ont d’autre choix que d’investir dans des profils capables d’intégrer ces ruptures sans ralentir les projets.

Enfin, les directions RH adoptent une stratégie de fidélisation offensive. Revalorisations annuelles, primes de certification, formations sur mesure : tout concourt à sécuriser les talents critiques avant qu’ils ne partent chez un concurrent.

Anatomie des salaires IT 2025–2026 : où se concentrent les hausses ?

Les métiers phares et leur progression chiffrée

Certaines spécialités IT continuent de truster les podiums de la rémunération. Sans surprise, la cybersécurité garde la pole position. Le consultant en cybersécurité voit son salaire bondir de +9,5 % pour atteindre un médian de 49 000 €

Derrière ce chiffre, une réalité simple : les attaques se multiplient, les entreprises renforcent leurs défenses, et les profils capables d’auditer, d’analyser et de réagir deviennent vitaux.

Les recruteurs valorisent tout particulièrement :

  • une expérience solide en gestion d’incidents ;

  • la maîtrise des normes juridiques liées au droit informatique ;

  • des certifications reconnues : CompTIA Security+, CEH, ISO Lead Implementer ou ISO Lead Auditor.

Vient ensuite l’architecte logiciel, dont la rémunération grimpe de +7,7 % pour atteindre 56 200 € en médiane. Un métier au carrefour entre conception, robustesse et scalabilité. 

Les profils dits polyglottes — capables de passer d’un langage à l’autre (C++, C#, Java, Python, .NET, PHP) — dominent le marché. Les bases de données avancées (Oracle, Elasticsearch, Grafana, PostgreSQL) ajoutent un supplément de valeur, tout comme la capacité à concevoir des architectures modulaires dans des environnements cloud complexes.

L’ingénieur production/exploitation complète le trio de tête avec +7,4 %, soit 45 600 € de salaire médian. Les écarts régionaux y restent faibles, preuve que ces profils constituent l’ossature technique des infrastructures. Linux et Unix demeurent incontournables, tout comme la maîtrise des scripts Bash, Powershell ou Python. L’automatisation des tâches de supervision et de déploiement devient un critère de recrutement décisif.

Derrière ces locomotives, d’autres fonctions maintiennent un rythme soutenu :

  • Directeur de projet IT : +5,6 %, médiane à 60 000 €.

  • Responsable des systèmes d’information (RSI) : +4,6 %, médiane à 53 900 €.

  • Data Scientist : +4 %, médiane à 46 400 €.

  • Architecte systèmes et réseaux : +3,4 %, médiane à 56 500 €.

Ces chiffres confirment un basculement : les métiers à forte responsabilité technique conservent leur avance, tandis que les postes de coordination ou de support progressent plus lentement.

Des disparités régionales encore marquées

Les écarts géographiques persistent, et parfois se creusent. L’Île-de-France reste la région la plus rémunératrice. L’écosystème parisien concentre encore la majorité des sièges techniques, des datacenters et des structures cloud hybrides, ce qui maintient la pression sur les salaires.

Mais d’autres territoires avancent vite. Le Nord-Ouest affiche la plus forte progression moyenne : +4,5 %, dopé par l’aéronautique et les industries de la donnée. Les clusters de Rennes, Nantes et Brest attirent des ingénieurs spécialisés dans la cybersécurité et l’automatisation industrielle.

Les zones Rhône-Alpes et PACA tirent également leur épingle du jeu. À Aix-Marseille, l’architecte cybersécurité atteint 62 700 € de médiane, tandis qu’à Toulouse et Bordeaux, l’architecte systèmes s’établit autour de 55 000 €. Le Sud-Ouest continue de rattraper son retard grâce à la densité de ses pôles numériques et à la montée en puissance de l’aéronautique connectée.

Cette géographie salariale dessine une carte à deux vitesses : d’un côté, les métropoles historiques conservent leur avance ; de l’autre, les bassins régionaux consolident leurs positions en misant sur la spécialisation et la qualité de vie.

La maîtrise de l’IA, nouvel accélérateur de carrière

L’intelligence artificielle s’impose désormais comme un marqueur de maturité professionnelle. Toujours d’après le baromètre Expectra 2025, 68 % des cadres estiment que sa maîtrise deviendra une source directe d’augmentation salariale. Un chiffre qui en dit long sur la transformation des hiérarchies de compétences.

Plus encore, 83 % des cadres déclarent avoir utilisé un outil d’IA au cours des trois derniers mois. Générateurs de code, copilotes d’analyse, automatisation de flux de données : l’IA s’installe dans la routine de travail. 

Les recruteurs, eux, ne s’y trompent pas. Le prompt engineering, la gestion de pipelines MLOps ou encore les principes d’IA éthique deviennent des leviers de sélection, au même titre qu’un langage ou qu’un framework.

Sur les fiches de poste, ces compétences s’affichent comme un différenciateur salarial. Les candidats capables de dialoguer avec une IA, de valider ses sorties et d’en contrôler les biais s’imposent naturellement dans les négociations.

2026–2030 : vers la stabilisation ou la redéfinition du haut salaire ?

Les premiers signaux d’un possible plateau

L’âge d’or salarial de l’IT ne durera pas éternellement. Certains indices laissent entrevoir une phase de stabilisation

Les métiers historiques — développeur web, technicien support, testeur QA — atteignent un plafond de rémunération. Non par désintérêt, mais par mécanisation des tâches et standardisation des process.

Les plateformes low-code et no-code automatisent des pans entiers du développement applicatif. Résultat : la valeur brute d’un profil purement technique s’érode.

La hiérarchie des salaires se polarise : au sommet, des hyper-spécialistes capables de concevoir, entraîner et maintenir des systèmes d’IA complexes ; à la base, des opérateurs assistés par IA qui exploitent les outils sans les comprendre pleinement.

Ce mouvement dessine un nouvel équilibre : le milieu de la pyramide, longtemps moteur du marché, se contracte. Les experts stratégiques et les profils ultra-techniques captent désormais la majeure partie des revalorisations.

De la rémunération à la reconnaissance

La course au salaire touche ses limites. Dans les DSI, la question du sens et de la reconnaissance symbolique prend le relais. L’argent ne suffit plus : les professionnels recherchent l’autonomie, l’impact et la cohérence culturelle. 

Les DSI l’ont compris et intègrent désormais la dimension humaine et sociale dans leurs politiques de rémunération.

Les grilles s’enrichissent de variables nouvelles : contribution à la performance collective, participation à des projets d’innovation responsable, mentorat interne, ou encore implication dans des démarches RSE. Le haut salaire durable devient un équilibre : performance mesurable, bien-être ressenti, inclusion réelle.

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