« Tu fais quoi dans la vie ? » : comment répondre quand on bosse dans la Tech

Certains la redoutent. D’autres la tournent en blague. Mais tout le monde l’a déjà entendue. « Tu fais quoi dans la vie ? » : cette question a beau sembler banale, elle agit comme un scanner social. Elle explore. Elle classe. Elle étiquette. Et dans un secteur aussi technique que l’IT, et dans des situations très variées, mieux vaut savoir comment répondre - sans se réduire à un simple job title !
Pourquoi cette question est plus stratégique qu’elle n’en a l’air
Derrière son air inoffensif, la question « Tu fais quoi dans la vie ? » agit comme un test de positionnement social déguisé.
À la fois entrée en matière, outil de tri implicite et déclencheur de comparaison, elle sert rarement un simple échange de civilités.
Trois intentions principales se nichent dans cette formulation :
La curiosité sincère. L’interlocuteur cherche à créer un lien. Il ne connaît pas votre univers, veut comprendre votre quotidien. Ici, une réponse simple et accessible suffit. Le but n’est pas d’impressionner, mais de connecter.
Le réseautage intéressé. Dans un contexte professionnel, la question devient levier d’analyse. Quel rôle occupez-vous ? Dans quelle structure ? Quel est votre niveau de compétence, d’expertise, de responsabilité ? Cette fois, votre réponse alimente une grille d’évaluation silencieuse.
La jauge de valeur implicite. Plus sournoise, cette intention repose sur une logique de comparaison. En soirée, en famille, dans un cercle semi-professionnel : il s’agit moins de s’informer que de mesurer. Votre métier vaut-il « autant » que le sien ? Travaillez-vous « autant » que lui ?
Ainsi, chaque formulation - même banale - transporte une attente. Et c’est cette attente qu’il faut apprendre à lire, décoder, puis hacker.
7 situations, 7 façons de répondre

1️⃣ En réunion avec un prospect
Face à un décideur, les généralités se retournent contre vous. Un intitulé de poste standard ou un jargon flou desservent davantage qu’ils ne crédibilisent.
Votre mission consiste ici à exposer clairement ce que vous résolvez, pour qui, et avec quels résultats concrets. Il ne s’agit pas de présenter votre parcours, mais d’activer un levier de projection : celui où votre expertise entre en résonance directe avec les objectifs de votre interlocuteur.
Voici un format éprouvé :
« J’accompagne les équipes techniques de scale-ups B2B à industrialiser leur pipeline CI/CD quand elles franchissent la barre des 10 développeurs. Dernière mission : réduction de 47 % des erreurs sur la branche de production en moins de 4 sprints. »
Vous positionnez ainsi votre rôle en termes de valeur livrée, non en termes de fonction occupée.
Mini-modèle à personnaliser :
« J’aide [cible] à [résultat/action métier] grâce à [moyen]. Dernier projet : [résultat mesurable + contexte]. »
Ce type de réponse suscite intérêt, crédibilité, et amorce une dynamique de collaboration, dès les premiers échanges.
2️⃣ Lors d’un tour de table professionnel
Ce format ne tolère ni digression ni banalité. L’objectif : formuler en une phrase votre valeur ajoutée, puis ancrer votre position dans l’échange. Ni plus, ni moins.
Trois temps s’imposent :
Une ouverture simple et directe : nom, fonction, périmètre.
Un élément d’impact chiffré : projet récent, volumétrie, scope.
Une marque d’intérêt ou une relance : car un bon pitch inclut l’autre, il ne le laisse pas passif.
Exemple :
« Élodie Petit, ingénieure sécurité chez Altimetrics. J’interviens sur des environnements sensibles avec un focus sur l’automatisation des tests d’intrusion – une vingtaine d’audits menés en 2023. Curieuse de découvrir vos contraintes SI. »
Vous affirmez votre légitimité sans agressivité, tout en laissant la porte ouverte à une interaction professionnelle authentique.
3️⃣ En salon professionnel : Pitch + diagnostic = filtre à opportunités

Le temps s’écoule vite. L’attention, encore plus.
Lors d’un salon, chaque présentation doit s’apparenter à un filtre.
Deux éléments suffisent :
Une accroche claire : votre mission, votre cible, votre terrain d’action.
Une question ciblée : qui qualifie l’interlocuteur sans l’intimider.
Exemple :
« J’aide les product teams à fiabiliser leur observabilité en environnement hybride. Et vous, où en êtes-vous de votre monitoring applicatif ? »
Cette approche déclenche instantanément un échange pertinent, sans dévier vers un monologue. Vous posez un cadre, vous ouvrez une exploration.
Si l’interlocuteur est concerné, la conversation s’approfondit naturellement. Dans le cas contraire, vous gagnez en efficacité.
Outil pratique pour calibrer votre message selon le profil en face :

4️⃣ En soirée networking
Une salle tamisée, des badges suspendus, des verres à moitié remplis. L’atmosphère appelle plus au sourire qu’à la démonstration de compétence. Pourtant, chaque conversation peut — en sous-main — ouvrir un lead, une collaboration, un contact !
Ici, l’objectif consiste à marquer sans imposer, à susciter l’intérêt sans réciter son LinkedIn.
Un bon point de départ : la punchline intrigante, teintée d’humour ou de métaphore.
« Je rends les apps plus rapides que leur ombre.
« J’aide les serveurs à dormir la nuit. »
« Je fais en sorte que vos mails ne tombent pas en spam… sauf les mauvais. »
Une fois la glace brisée, rebondissez avec une question ouverte. Exemple :
« Et vous, qu’est-ce qui vous motive vraiment dans votre job au quotidien ? »
5️⃣ En dîner professionnel
Le dîner professionnel crée un espace de discussion hybride, mêlant légèreté, connexion humaine et curiosité de fond.
À ce moment-là, le récit vaut souvent plus qu’un intitulé. Un exemple vivant, bien raconté, ancre votre rôle dans le réel.
« Un jour, j’ai dû expliquer à un PDG que sa base de données s’était « réincarnée » trois fois à cause d’un cron mal configuré. Depuis, il m’appelle « l’exorciste des backups ». »
Rien ne vaut une mini-scène : un bug, une urgence, un client improbable, un succès discret…
Ce genre de narration crée un souvenir, bien plus qu’une description de compétences.
6️⃣ En soirée entre proches
Ici, l’étiquette professionnelle s’efface. Il ne s’agit ni de briller, ni d’expliquer. Encore moins de convaincre.
Votre réponse doit rester honnête, accessible, désarmée.
« Je bosse dans la tech, je simplifie des trucs compliqués pour que les gens n’aient pas à s’en soucier. »
Vous posez le cadre, sans forcer l’attention. Si la personne creuse, vous pouvez développer. Sinon, vous rebasculez sur un sujet personnel ou social.
Tip : le « soft pitch » d’une ligne (formule prête à dégainer) :
« Je règle des bugs que personne ne veut voir. »
« J’aide les sites à rester en ligne, même quand tout plante. »
« Je travaille dans la tech, dans l’ombre des clics. »
7️⃣ Quand vous ne souhaitez pas répondre (et que c’est très bien ainsi)
Il existe des moments où vous n’avez ni le temps, ni l’envie, ni la bande passante émotionnelle pour parler boulot.
Bonne nouvelle : on peut esquiver avec élégance.
« Je fais des trucs dans la tech… mais assez parlé de moi. Et vous ? »
5 techniques pour esquiver sans malaise :
Renvoi élégant : « Et vous, quel a été le moment le plus fun de votre semaine ? »
Esquive humoristique : « Je suis payé pour écrire des lignes qui ne plantent pas trop. »
Angle passion : « Je pourrais parler de mon job, mais j’ai plus envie de savoir ce qui vous anime en ce moment. »
Réduction volontaire : « Tech, dev, un peu de magie noire. On en parle une autre fois. »
Fausse déviation sincère : « Promis, je vous explique mon job quand vous m’expliquez le vôtre avec des emojis. »
Aucun besoin de se justifier. Vous contrôlez ce que vous donnez — et ce que vous préférez garder pour vous.
Créez VOTRE façon de répondre, adaptée à votre parcours
Chaque professionnel IT possède une trajectoire, des sensibilités, un vocabulaire propre. Reprendre un pitch standard, c’est aussi tirer un trait sur ce qui vous distingue, en quelque sorte.
Préparez deux versions : une simple, une experte
Tout le monde n’a pas besoin - ni envie - d’entendre parler de Kubernetes, GraphQL ou horizontal scaling. Pourtant, ces éléments valorisent votre savoir-faire… quand le contexte s’y prête.
D’où l’intérêt de préparer deux déclinaisons de votre présentation :

Vous montrez ainsi que vous savez communiquer selon votre audience, compétence rare - et précieuse - dans les métiers techniques.
Inventez une métaphore qui claque

Parfois, une seule phrase visuelle ancre votre rôle bien plus durablement qu’un paragraphe technique. La métaphore permet de traduire une mission complexe dans un langage mémorable.
Quelques exemples :
« Je suis l’architecte des fondations invisibles de votre cloud. »
« Je traque les failles comme un détective digital. »
« Je suis le plombier du code, celui qu’on appelle quand tout déborde. »
« Je fais en sorte que vos apps se lancent plus vite que votre café. »
Trois critères rendent une métaphore efficace :
Concrète : elle évoque une image mentale immédiate.
Ciblée : elle parle à votre interlocuteur.
Flexible : elle ouvre la voie à des explications supplémentaires, le cas échéant.
Les 3 points clés à retenir :
Adapter sa réponse à chaque contexte — formel ou informel — constitue un levier d’impact décisif.
Une bonne présentation professionnelle repose sur un équilibre entre clarté, spécificité métier et narration maîtrisée.
Construire sa propre façon de répondre, en variant formats, niveaux de technicité et registres, permet de rester crédible sans jamais perdre le lien humain.
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