ChatGPT : quels risques pour les entreprises ?

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Nul doute que l'IA incarne désormais un tournant notable pour les entreprises de toutes tailles, au sein de multiples industries. De la résolution de problèmes complexes à l'optimisation de processus, ChatGPT, modèle de langage avancé développé par OpenAI, incarne ce changement. Toutefois, par-delà ses avantages indéniables, l'utilisation de ChatGPT engendre nécessairement certaines préoccupations.

Les 6 principaux risques que présente ChatGPT pour les entreprises

En nous appuyant sur un récent rapport de Gartner, nous avons pu identifier 6 risques majeurs associés à l'utilisation de ChatGPT. Ces défis varient de questions de confidentialité et de protection des données à des implications de biais du modèle, d'information inexacte, de cyberfraude, de droit d'auteur, et de protection des consommateurs.

1- Confidentialité et protection des données

La question de la protection des données se place au cœur des préoccupations actuelles. Le Règlement général sur la protection des données (RGPD) au sein de l'Union européenne confirme cette tendance avec son article 17. 

Ce dernier instaure le « droit à l'effacement », permettant aux utilisateurs d'annuler leur consentement et de solliciter la suppression de leurs informations personnelles. Or, cette directive rencontre une limite notable dans le cadre de l'utilisation de modèles de langage comme ChatGPT. 

En effet, ces derniers ne disposent pas de la capacité d'éliminer intégralement les données individuelles de leur formation. Il en découle des problèmes de conformité pour les entreprises qui doivent se plier aux exigences du RGPD.

Dans ce contexte, le respect des régulations sur la confidentialité des données au sein des entreprises utilisatrices de ChatGPT et d'autres IA génératives telles que MidJourney, Dall-E ou encore Mistral revêt une importance de premier ordre.

Pour éviter toute fuite de données, les responsables SI des entreprises doivent désormais exiger de leurs collaborateurs qu'ils désactivent l'historisation des conversations sur ces plateformes. De plus, aucune information à caractère personnel ou confidentiel ne devrait être transmise à ces outils. 

Les enjeux sont notamment très importants dans des domaines comme la santé. Les pouvoirs publics rappellent régulièrement la nécessité de faire bonne mesure de l’usage des IA afin de protéger les données personnelles des patients.

2- Les biais du modèle

Les biais dans les modèles de machine learning tels que ChatGPT demeurent, malgré les efforts déployés par OpenAI pour les réduire. Identifier ces biais s'avère complexe pour les utilisateurs, surtout en l'absence de méthodes infaillibles de détection et de solutions pratiques pour les éviter. 

Les données de formation, souvent le reflet de nos sociétés avec leurs préjugés et discriminations inhérents, rendent une éradication totale des biais presque impossible.

Les services juridiques et de conformité au sein des entreprises ont la responsabilité de suivre les évolutions législatives régissant les biais de l'IA et de s'assurer de leur conformité. 

L'usage des fonctionnalités d'audit des machines et des navigateurs est également une stratégie recommandée pour instaurer des contrôles de qualité et explorer les sujets susceptibles de mener l'IA vers des zones controversées.

Enfin, le travail collaboratif avec des experts en IA peut offrir une expertise précieuse pour naviguer dans cet environnement complexe et dynamique. Les biais, bien que persistants, peuvent ainsi être limités, permettant une utilisation de l'IA plus juste et plus sûre.

Sur ce point, on peut citer Google, qui a mis en place des directives internes sur l’utilisation responsable de l’IA, en mettant l’accent sur la prévention des biais dans les algorithmes.

3- Les erreurs potentielles et l'hallucination de l'IA

Un autre risque, et pas des moindres, concerne la propension des LLM comme ChatGPT à produire des affirmations trompeuses, communément qualifiées d'« hallucinations ». 

Par ce phénomène, l'IA peut délivrer des informations incorrectes, voire complètement erronées, qui semblent pourtant plausibles à première vue. Ces déviations peuvent englober des faits inventés de toutes pièces ou des citations inexistantes, y compris des extraits de textes juridiques qui n'ont jamais été rédigés.

Cette tendance de l'IA à générer des contenus fictifs ne doit pas être prise à la légère. Les utilisateurs de ces technologies doivent systématiquement valider les affirmations des IA et s'assurer de l'exactitude et la pertinence des réponses produites avant de les utiliser. Cela implique d'exercer un sens critique aiguisé et de croiser les informations fournies par l'IA avec d'autres sources fiables.

Cette vigilance accrue vis-à-vis des réponses des IA s'avère nécessaire pour éviter de potentielles erreurs ou incompréhensions pouvant résulter de ces « hallucinations ». Elle représente également une garantie indispensable pour maintenir un niveau de confiance et de sécurité dans l'utilisation de ces technologies d'intelligence artificielle au sein des entreprises.

4- L'exploitation malveillante de ChatGPT et comment y faire face

La capacité de ChatGPT à générer des textes convaincants ouvre malheureusement la porte à des abus. 

Des acteurs malveillants exploitent déjà ce modèle pour propager de fausses informations à grande échelle. Les exemples ne manquent pas : des faux avis sur les sites de e-commerce aux fake news diffusées sur les réseaux sociaux, en passant par la distribution de spams en plusieurs langues.

Par ailleurs, ChatGPT n'est pas immunisé contre les attaques par injection de commandes malveillantes. Cette forme d'attaque trompe l'IA pour la pousser à effectuer des actions non prévues, détournant ainsi son fonctionnement normal pour des intentions illégitimes.

Ces risques d'abus rendent indispensable une surveillance adéquate. Il s'agit moins de contrecarrer totalement ces menaces, que de limiter leur portée. Il en va de la prévention de la désinformation, que ce soit en interne ou vers l'extérieur. 

Les entreprises doivent donc envisager des mesures de sécurité adéquates pour préserver l'intégrité de leurs informations et garantir une utilisation sûre de ChatGPT. D’autant plus que la majorité des collaborateurs qui utilisent déjà les IA préconisent eux-mêmes de mieux encadrer leur usage au bureau.

5- ChatGPT, droit d'auteur et problèmes de propriété intellectuelle

Un autre risque associé à l'utilisation de ChatGPT touche à la propriété intellectuelle et au droit d'auteur. 

Formé sur un large corpus de données extraites d'Internet, le modèle est susceptible d'avoir intégré des contenus protégés par le droit d'auteur. Par conséquent, ses réponses peuvent potentiellement enfreindre ces droits.

La situation se complexifie par le fait que les réponses de ChatGPT, comme celles de nombreuses autres IA génératives, ne citent pas les sources qui ont inspiré leur contenu. 

Ce qui pose un défi aux utilisateurs qui doivent faire preuve de prudence lors de l'exploitation de ces réponses pour éviter toute violation de droits.

6- Protection des consommateurs

La transparence représente un enjeu de taille lors de l'utilisation de ChatGPT. Faire croire aux utilisateurs qu'ils dialoguent avec un humain alors qu'ils interagissent avec ChatGPT pose non seulement un problème d'image pour l'entreprise, mais cela représente également un risque juridique. Des lois luttent en effet contre les tromperies et les arnaques de toutes sortes.

Il devient alors nécessairement important de respecter toutes les réglementations en vigueur. Par ailleurs, informer les clients qu'ils sont en interaction avec une IA plutôt qu'avec un être humain s'impose comme une démarche saine. Cette clarté renforce la confiance des utilisateurs et garantit le respect des lois en matière de protection des consommateurs.

Un encadrement juridique en cours

L'AI Act, proposé par la Commission européenne, ambitionne de réguler l'IA en Europe, couvrant la majorité des secteurs et catégories d'IA. 

L'acte vise à classer les applications d'IA en fonction des risques, établir une régulation adaptée, et interdire certaines applications. La réglementation de l'IA est vue comme essentielle pour protéger la vie privée, garantir la sécurité des personnes vulnérables, empêcher la désinformation et la censure, et surveiller les décisions automatisées. 

En définitive, l'intégration croissante de l'IA, en particulier des modèles de langage tels que ChatGPT, dans les opérations des entreprises soulève des enjeux inédits. Les risques inhérents à cette technologie, qu'il s'agisse de la production d'informations erronées, d'atteintes potentielles à la propriété intellectuelle ou d'interactions trompeuses avec les utilisateurs, nécessitent une attention et une régulation minutieuses. Avec l'AI Act, l'Union européenne cherche à adresser ces problématiques en établissant un cadre législatif robuste qui permet une utilisation de l'IA sécurisée et respectueuse des droits de chacun. Bien qu'il reste des défis à relever, cette initiative met en évidence l'importance d'une approche prudente et équilibrée face à l'IA. Elle renforce également le rôle de l'Europe en tant que leader dans la définition d'un futur où l'innovation technologique est intrinsèquement liée au respect de l'éthique et de la confiance.


Article rédigé par Romain Frutos, rédacteur passionné par l’IT et les nouvelles technologies !

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