Développeurs en 2025 : salaires, IA, télétravail… Ce que révèle le dernier rapport Stack Overflow

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Le code n’a jamais été aussi bien payé. Ni aussi influencé par l’IA. Stack Overflow a interrogé près de 50 000 développeurs dans le monde pour cerner les tendances 2025. Entre quête de sens, nouvelles compétences et exigences salariales, la tech française navigue entre ambitions et limites. Que cherchent vraiment les talents du numérique ?

Voici les réponses que les recruteurs ne peuvent plus ignorer.

Marché de l’emploi des développeurs en France en 2025

Un taux d’emploi stable… mais loin du podium européen

Le marché français de l’emploi développeur conserve un socle solide : 69,7 % des répondants au rapport Stack Overflow 2025 déclarent exercer une activité salariée.

Un score qui ne progresse plus depuis plusieurs années. Et qui accuse un certain retard face aux locomotives européennes. L’Allemagne culmine à 76 %, le Royaume-Uni atteint 75 %. La France, elle, reste cantonnée à un second rôle.

Les indépendants, quant à eux, composent 14,7 % du paysage hexagonal. Consultants IT, freelances, micro-entrepreneurs : cette catégorie, moins visible dans les statistiques publiques, pèse pourtant dans les projets techniques d’envergure. Un levier de flexibilité pour les DSI, un filet de sécurité pour les talents en quête de liberté.

Les autres profils — étudiants (10,3 %), retraités (1,4 %), personnes sans emploi (3 %) - constituent une minorité, mais reflètent les marges d’un secteur qui se cherche encore un meilleur équilibre entre formation initiale, reconversion et transition de carrière.

Quels profils recrutent vraiment en 2025 ?

En France, deux types de développeurs concentrent la majorité des demandes : les spécialistes back-end et full-stack. Ensemble, ils représentent plus d’un tiers des besoins recensés. Des rôles techniques, au cœur de la chaîne de production logicielle, et souvent jugés difficiles à pourvoir.

Les fonctions hybrides gagnent également du terrain. DevOps, data engineers, cloud architects : ces profils mêlent expertise technique et culture produit. Leur rareté accentue leur valeur perçue, surtout dans les entreprises de taille moyenne qui doivent composer avec des effectifs réduits.

À la différence des États-Unis ou du Royaume-Uni, la France se distingue par une moindre demande en développeurs front-end, mobile ou embarqué. Moins de startups produit, davantage de SI internalisés : l’écosystème hexagonal privilégie les socles techniques robustes aux interfaces innovantes. Un choix stratégique, mais qui freine parfois l’exportabilité des talents français vers l’international.

Télétravail : la France en mode hybride contraint

Le modèle hybride s’impose, mais sans l’amplitude de ses voisins. En France, 32,8 % des développeurs exercent partiellement à distance, avec une prédominance des jours en présentiel.

Seuls 18,1 % travaillent en full remote. Un chiffre bien en deçà des 45 % d’Américains ou des 21 % d’Allemands qui peuvent choisir librement leur configuration de travail.

Cette marge de manœuvre limitée alimente une certaine frustration. Les développeurs français aspirent à davantage d’autonomie dans leur organisation. Mais les entreprises, encore frileuses face à la désynchronisation des équipes, tardent à revoir leurs politiques internes.

Les tendances globales, elles, ne laissent guère de doute. Le travail asynchrone, les équipes distribuées, la gestion par objectifs plutôt que par présence : ces modèles progressent, inexorablement. À marche plus rapide hors de France, donc…

Salaires des développeurs en France : qui gagne quoi en 2025 ?

Hiérarchie des salaires par spécialité

Les écarts de rémunération ne se contentent plus de refléter l’expérience ou le niveau de séniorité. Ils traduisent désormais des priorités technologiques, des arbitrages marché et, in fine, des tensions de recrutement bien réelles.

En 2025, les spécialistes du développement graphique et des jeux vidéo dominent le classement, avec un salaire médian annuel de 88 171 $ (~76 000 €). Un poste à la croisée du design, du calcul 3D et du temps réel, qui exige des compétences rarement maîtrisées — d’autant plus en contexte de production AAA ou VR.

Suivent de près :

  • Le data engineer : 78 890 $ (≈ 73 370 €)

  • L’ingénieur IA / machine learning : 73 089 $ (≈ 67 970 €)

  • Le développeur back-end : 71 929 $ (≈ 66 890 €)

  • Le DevOps engineer : 69 609 $ (≈ 64 740 €)

Ces postes allient complexité technique, responsabilité structurelle et rareté sur le marché. Ils supposent souvent une double casquette : développeur et architecte, ingénieur système et analyste métier, technicien et stratège. Des profils qui, de fait, se négocient au prix fort.

À l’autre extrémité du spectre, les salaires chutent sensiblement :

  • Administrateur systèmes : 46 406 $ (≈ 43 160 €)

  • Chercheur académique : 38 285 $ (≈ 35 610 €)

  • Étudiant : 19 954 $ (≈ 18 560 €)

Moins exposés au marché privé, ces postes subissent une dynamique salariale plus lente. Ils restent pourtant indispensables dans la chaîne de valeur — notamment sur les volets maintenance, veille, ou transition vers la production.

Écarts géographiques et structurels : un marché mondial à deux vitesses

Dès que l’on compare les niveaux de rémunération à l’échelle internationale, le fossé devient évident.

Un engineering manager aux États-Unis atteint les 200 000 $ annuels.

À poste équivalent, un cadre français perçoit 92 812 $. En Allemagne, ce montant grimpe à 118 000 $, tandis qu’en Inde, il chute à 52 000 $. Le déséquilibre, structurel, repose sur plusieurs leviers :

  • Tissu économique (poids du secteur Tech dans le PIB)

  • Niveaux de vie et fiscalité

  • Accès au capital pour les startups

  • Maturité des écosystèmes numériques

Pour les développeurs français, cette disparité pose une double contrainte. D’un côté, elle freine la mobilité des talents vers des marchés à haute valeur ajoutée ; de l’autre, elle encourage les entreprises étrangères à délocaliser partiellement leur R&D en France — où les salaires restent compétitifs mais la qualité des profils élevée.

Un effet pervers : l’attractivité croissante des contrats offshore ou remote-first, mais sans la rémunération associée.

Salaire et niveau d’études : une corrélation renforcée

En 2025, 30 % des nouveaux développeurs qui apprennent à coder possèdent déjà un diplôme de niveau Bac+3. C’est 6 points de plus qu’en 2024. La formation initiale reste donc un socle structurant — voire une condition sine qua non — pour espérer progresser rapidement dans la grille salariale.

Ce niveau académique minimum conditionne l’accès aux postes techniques les mieux valorisés :

  • AI / ML : exige mathématiques avancées, statistiques, algèbre linéaire

  • Cybersécurité : demande cryptographie, protocoles réseau, architecture système

  • Data engineering : nécessite maîtrise de pipelines, de bases de données distribuées, de traitements batch/stream

De facto, la spécialisation technologique déclenche une courbe salariale ascendante. Elle renforce également l’effet de segmentation : juniors sur le front-end ou le mobile plafonnent souvent sous les 60 000 $, quand les profils plus « deep tech » percent le plafond dès la première décennie de carrière.

IA et automatisation : perception, usages et enjeux en 2025

L’IA s’installe dans les pratiques… à grande vitesse

Les outils d’intelligence artificielle ne relèvent plus de l’innovation marginale. Ils s’intègrent désormais au quotidien des développeurs.

En 2025, 84 % d’entre eux déclarent utiliser ou envisager d’utiliser une IA dans leur cycle de développement. L’année précédente, ils n’étaient que 76 %. Cette progression rapide témoigne d’une acculturation massive aux outils de génération de code, d’analyse de logs ou de complétion contextuelle.

Parmi les usages les plus fréquents :

  • Recherche de solutions techniques : alternative à Stack Overflow ou GitHub Issues

  • Accélération du développement : complétion de fonctions, génération de tests unitaires

  • Veille technologique et montée en compétences : exploration de nouvelles bibliothèques, frameworks ou langages

Ce dernier point mérite l’attention. L’étude signale une hausse de 36 % des développeurs ayant appris à utiliser des IA pour progresser. Le chatbot devient mentor, la documentation laisse place à l’interaction. Une nouvelle manière d’apprendre se dessine.

Une IA omniprésente, mais pas encore fiable

Si l’IA progresse dans les usages, elle peine à convaincre sur un point critique : sa fiabilité.

46 % des développeurs doutent de l’exactitude des résultats fournis par les outils IA. Un bond de 15 points par rapport à l’année précédente. Les illusions générées par les grands modèles de langage (hallucinations, erreurs syntaxiques, interprétations erronées) nourrissent une méfiance croissante.

Menace ou mirage ? L’IA face à l’emploi développeur

La majorité des développeurs conservent une forme de sérénité face à l’IA.

64 % considèrent qu’elle ne menace pas leur emploi, même si ce taux recule légèrement par rapport à 2024 (68 %).

En parallèle, 15 % perçoivent une menace réelle. Une inquiétude plus marquée chez les profils juniors ou généralistes — notamment les développeurs front-end ou les intégrateurs web. Ces fonctions, plus exposées à l’automatisation ou à la standardisation, se fragilisent face aux outils génératifs.

L’IA ne supprime pas les métiers du code. Elle redéfinit leurs contours. Elle pousse les professionnels à se repositionner sur des rôles moins mécaniques, plus analytiques, mieux ancrés dans les spécificités métiers.

Motivation, formation continue et satisfaction au travail

Un regain d’enthousiasme… timide mais tangible

Le moral des développeurs français se redresse. Lentement, mais sûrement.

24,6 % d’entre eux se disent heureux au travail, contre 20 % l’an dernier. Une amélioration modeste, certes. L’augmentation des salaires sur certains postes, la montée en compétences, ou l’émergence de modèles de travail plus flexibles pourraient expliquer cette dynamique.

À noter : 48 % des répondants se situent dans une zone intermédiaire, qualifiée de « neutre ». Un entre-deux difficile à interpréter. Est-ce le signe d’un équilibre maîtrisé ou d’un renoncement discret ?

Le taux d’insatisfaction, lui, reste préoccupant : 27,4 % des développeurs expriment un mal-être au travail.

Les compétences clés en 2025 : au-delà du code

Les attentes du marché ne se limitent plus aux langages ou aux frameworks. Les soft skills montent en puissance. Leur absence pénalise.

Parmi les compétences les plus citées par les recruteurs :

  • Esprit critique face aux réponses IA ou à la documentation générée automatiquement

  • Collaboration en environnement hybride : Slack, Notion, GitLab, Zoom, Figma… il ne suffit plus de savoir coder, encore faut-il savoir collaborer à distance

  • Capacité à apprendre vite, seul, avec les bons outils : la courbe d’apprentissage devient un facteur de compétitivité

Ces compétences transversales constituent des leviers d’évolution, mais aussi des filtres. Elles différencient les techniciens qui exécutent des consignes des ingénieurs qui conçoivent des solutions.

À propos des données présentées

Les chiffres cités dans cet article proviennent d’un sondage international réalisé auprès de développeurs dans le cadre de la dernière enquête Stack Overflow.

Pour la France, les résultats reposent sur les réponses de 1 026 participants, soit une fraction très limitée de la population active du secteur IT.

Ces données doivent donc être interprétées avec prudence.

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