Bifurcation Business Intelligence à autre

Sujet très intéressant, merci. Ca va être assez laborieux de te répondre, tant le sujet est vaste. Pour être polémique, je voudrais simplement lancer une phrase permettant de réfléchir: "Je vais faire des études de mécatronique pour me faire embaucher chez un acteur des voitures autonomes."

Ben, en fait, comme tu l'as suggéré, il y a des formations académiques et il y a peu de débouché. Les seuls vrais débouchés industriels que je connais sont: BI (ce que tu fais déjà), Architecte, DataManager, DBA et BA.

Pour ce qui concerne les Data Engineer, je n'en ai jamais croisé en 30 ans de carrière. Parce qu'en fait, ce sont des appellations qui se fondent dans DataManager/ DBA. Tu l'appelles tartempion si tu veux, mais à la fin, il fait du datamanagement ou de l'administration de base de données.

Pour ce qui concerne les Data Scientists, j'en ai croisé uniquement dans des startups ou dans des environnements proches des Quants (Salles de marchés). Si t'es pas docteur en math, bonne chance. Data Scientist, ce n'est pas un rôle opérationnel. Le rapport avec Python et R est très lointain. C'est comme si on considérait qu'un utilisateur de Catia était capable de concevoir une voiture/ un avion. Python est secondaire. La majeure partie du boulot consiste à faire des projections ou des classifications. exemple : j'ai une image prise devant un véhicule. Il y a un truc qui bouge devant moi, je classe ce truc qui bouge dans la catégorie "chien".

On te citera toujours les DataScientists qui gagne 150 k par an. Ca tombe bien, il y en 10 en France. Tous les autres sont des doctorants ou des fakes. Anecdote véridique : J'ai la soeur jumelle d'une copine qui vient de passer de chef de projet organisation à la BNP au rôle de Data Scientist à la BNP. Si tu crois pas celle là, je t'en raconte une autre. Si c'est juste pour avoir un titre, ça ne sert à rien.

Pour les rôles existants en nombre et valorisés dans les entreprises, il reste :

Archi data : C'est effectivement un rôle central dans la gestion des data. C'est bien valorisé (700 à 1000 euros suivant les cas).

DataManager : C'est un beau rôle. C'est intéressant intellectuellement. C'est moyennement valorisé (350 à 550 euros)

DBA : C'est assez fun, mais c'est trusté par un tas de gens qui ne savent pas comment fonctionne une BDD. C'est un rôle en perdition pour plusieurs raisons. 1/ La multiplication des types de BDD (multi RDBMS + multi NoSQL). 2/ l'automatisation possible par les services managés des cloud providers. Donc, à mon avis, zone à éviter. (400 à 600 euros)

BA : ben, il y a à boire et à manger. Il y en a quelques bons et il y en a beaucoup de mauvais. En fait, s'ils étaient bons, ils seraient DEV ou PreSales. Les tarifs sont adaptés à cette jungle. Puisqu'on trouve des BA à 400 balles, pourquoi aller offrir 700 ?

Tu cherches une porte de sortie: je me permets de te conseiller le management. Etre responsable EDI dans la grande distribution ou dans l'automobile, ça a beaucoup de sens. Passer responsable data dans une petite banque ou dans une mutuelle, ça a également beaucoup de sens.

J'abonde au très bon résumé.

Je rajouterai qu'il serait souhaitable que tu te demandes à quel niveau de technique tu veux rester dans ta future orientation.

J'ai commencé DEV pour passer BA puis Chef de projet transverse et maintenant dans la transfo numérique. Data Engineer et Data Scientist, tu restes très dans la technique. BA, la technique, c'est effectivement un "nice to have" (un "must have" selon moi). Les BA les plus agréables sont ceux qui ont un background technique, qui est en fait requise par leur fonction transverse. Devenir BA en sautant depuis un poste fonctionnel est inévitablement limitant puisqu'un BA doit faire et enseigner comment écrire un (bon) cahier des charges, et ça c'est impossible si on a pas compris la logique technique qu'il y a derrière.

De fait, c'est l'arrivée massive des "fonctionnels only" qui a plombé la qualité et les tarifs des BA, qui existaient à peine en France sous les termes AMOA – qui sont bien des BA mais qui ne doivent pas dépendre de la MOA. Ce truc est toujours très facile à expliquer à l'oral.

Bref. Ce que tu aimerais dans les rôles de BA c'est vraiment le poste d'AMOA version Chef de projet transverse, ou sinon la considération anglo-saxonne du rôle de BA... mais ce n'est pas la française. Aujourd'hui le BA est très souvent considéré comme une sorte de preneur de note ++, vaguement mieux. Et ça rejoint le conseil de DevAndOps : avec ton expérience, soit tu deviens architecte, soit tu passes CdP dans ton domaine i.e. responsable EDI ou pourquoi pas monter vers les archi de DSI dans des petites structures. À toi de voir quel niveau de supervision tu veux avoir et si le technique de ton profil devient un bon background et un appui au management.

Bonjour,

Pour le premier point relatif à "trouver des postes moins techniques" les conclusions de fred et DevAndOps sont très pertinentes. Il est toujours possible de s’orienter à terme vers des prestations même beaucoup moins techniques et pourtant très demandées. J'ai plusieurs exemples dans mon entourage, et c'est souvent la stratégie employée par des profils, qui à un moment donné, ont réorienté leurs prestations par un élargissement de leurs compétences.

Pour le second point relatif à la question "Mission fréquente, longue, TJ ?" il n'y a pas beaucoup de solutions, à mon sens, si l’on veut augmenter son activité, ce qui semble être la demande sous-jacente. Soit on reste en régie, on augmente ses compétences son expérience et ses tarifs, mais l’activité peut plafonner à un niveau pas forcément motivant. Soit on utilise d'autres modalités de réalisation des prestations en abandonnant la régie en tout ou partie auquel cas il faut jouer, de plus, sur des paramètres complémentaires. La dernière solution est sensiblement plus rentable mais aussi plus difficile à mettre en œuvre.

Merci à tous pour vos réponses.

@DevAndOps : cela confirme un peu mon ressenti, je vois beaucoup d'offres pour des DataWhatever mais ça reste ce que j'appelle des fiches de postes Onisep, des offres de SSII pour capter des CV (pour entretenir un vivier ou insister pour passer en CDI chez eux) en recopiant les mots-clés, mais sans que ce soit vrai. Je sais qu'un ancien client a recruté un Data Scientist mais comme sur leur organigramme ils ont que des noms hyper pompeux pour des tâches différentes, et ça c'est quand les gens font quelque chose. On a refilé à notre équipe (de freelances) le boulot de deux autres équipes et pour nous remercier on a dissous notre équipe :D

@Fred : effectivement j'ai rencontré des BA peu techniques, il y a bien longtemps (ho, je me sens vieux alors que j'ai pas la quarantaine...) des AMOAs et c'était grand festival du cirque de Monté-Carlo. Je crois que ma préférée, c'était celle qui me demandait un extrait Excel, me disait qu'il y avait un nombre qui était pas bon, et quand je lui parlais "d'intersection entre une ligne et une colonne" elle montait sur ses grands chevaux en vociférant qu'elle n'était pas "technique". Bon, elle a sauté au bout de 6 mois mais c'était infernal.

Une autre que j'ai dû reformer en intercontrat avec les basiques de la modélisation entité-relation, mais qui s'en fichait royalement. Son boulot, selon elle, c'était d'attendre qu'on lui file un cahier de recette et exécuter les tests unitaires. Elle s'est faite jeter de toutes ses missions.

Mais tu parles de BA à l'anglo-saxonne, je visualise ce que tu veux dire et j'ai quelques anciens collègues qui ont eu des postes (un notamment que le client a recruté, qui ne savait pas quoi en faire et ce collègue très pro-actif est allé chercher des projets à créer, finalement il y est resté 5 ans tellement ils étaient contents). Cela arrive de temps à autre, mais c'est très marginal - et il faut que l'organisation soit à l'écoute ou demandeuse.

@michel95 : à titre d'exemple et pour ma culture, ils se sont réorientés vers quoi ? 😁 par abandonner la régie, tu visualises quoi, un forfait ?